Cap sur l’aventure pour Iris
Deux moussaillons, Iris et Mathieu, rénovent Basile, un voilier légendire, afin de découvrir la variété des cultures et des natures humaines au delà des mers. et de partager leur crêpes.
Avec dynamisme et bonne humeur, Iris Cordeau, de Pleumeur-bodou, passe beaucoup de temps au bord de la piscine du centre de rééducation de Trestel à dispenser des curs d’aquagym. Mais elle rêve parfois d’une plus grande étendues d’eau salée et de quitter la côte du Trégor pour les terres Boréales. un projet sur le long terme qu’elle partage avec Mathieu Goraguer, son compagnon.
Son rêve c’est de partir vers le pôle nord naviguer à la barre du Basile, une fameuse goélette. Et de s’arrêter dans les ports pour y rencontrer des gens de toutes sortes, leur parer, les découvrir, échanger. Elle rêve de relier les hommes avec un bateau et d’explorer le monde… Avec la crêpe bretonne comme unique passeport et moyen de communiquer. Et ce rêve est en cours de réalisation.
Cultures et nature au delà des mers
Nantie d’un diplôme d’éducatrice en activités adaptées, Iris a choisi de travailler pour une mutuelle et donne des cours de gym ou d’aquagym à travers tout le Trégor. Rééducation, prévention, reprise d’activité, la jeune femme maintenant âgée de 23 ans apprécie ce contact avec les gens. Car elle aime aller à la rencontre des autres :“la notion de partage et d’écoute de l’autre a toujours été présente dans mon cursus universitaire.” Pas étonnant qu’elle ait expérimenté le woofing en Guyane, un échange de savoirs et d’entraide entre les personnes de tout horizon et des agriculteurs bio ( ou des particuliers “écolos”), qui accueillent et hébergent les “woofeurs” contre un coup de main…
Pratiquer en outre de nombreux sports (water-polo, paddle, équitation….) ne l’empêche pas de consacrer du temps au bénévolat, auprès d’association à portée sociale. Et du temps elle en trouve encore pour son grand projet d’exploratrice.
Une grande traversée vers le nord
Quand Iris quitte le Trégor, c’est en effet pour rejoindre les quais de Brest et y retrouver Mathieu, âgé de 25 ans et lui même éducateur sportif. Le jeune homme, qui a grandi entre Saint-Pierre et Miquelon, Tahiti et la Bretagne, est issu d’une famille de grands voyageurs. Passionné de voile, bénévole à la SNSM, il est, tout comme Iris titulaire du brevet de sauveteur.
Tout leur temps libre, les jeunes gens le consacrent au BASILE, en cale sèche. Cette goèlette remixée de 14m a été construite au chantier naval de Tarare en 1976 pour être un bateau d’exploration. Nanti d’une quille rétractable qui lui permet de naviguer en mers froides et d’être pris dans les glaces sans subir de dégâts, le Basile possède une coque en acier. Il a été conçu par Bertrand et Loïc Dubois afin de rejoindre la Géorgie du Sud, où le but était de gravir le sommet de l’île, le mont Paget. L’expédition mer/montagne première en son genre, aura lieu en 1980 avec un équipage de marins et de montagnards.
Partage et solidarité
Après un premier changement de propriétaire, c’est Mathieu qui l’acquiert en 2017 et décide, pour un montant de 80 000€, de la rénover avec Iris avant de poursuivre ensemble l’aventure du bateau explorateur. “Notre objectif ultime est de découvrir et de faire découvrir à tous ceux qui participeront à notre aventure, grâce à Basile, la variété humaine des cultures et des natures au-delà des mers, dans un esprit de partage et de solidarité.” En attendant, le couple passe ses week-end à restaurer le légendaire voilier, mais aussi à trouver un financement ainsi que des entreprises qui acceptent de leur venir en aide ou de leur fournir du matériel.
Horizon 2021
Si, dans un premier temps, les deux jeunes gens souhaitent naviguer en mer d’Iroise pour s’habituer au bateau, ils veulent à l’horizon 2021, embarquer pour le Groenland puis pour Saint-Pierre et Miquelon, terre d’enfance de Mathieu. Si le Basile peut être manœuvré par seulement deux matelots, il permet néanmoins de coucher 8 personnes et Iris souhaite bien faire voyager le plus de gens possible : ” La but n’est pas de naviguer à deux mais de partager les navigations avec toutes les personnes qui auront participé à ce grand projet.”
Au delà de la rencontre et de l’échange, ils veulent aussi mesurer les évolutions de l’environnement et du mode de vie des peuples sur fond de réchauffement de la planète: ” Nous sommes intéressés par le regard des différentes populations sur le dérèglement climatiques ainsi que par les qu’elles ont pu observer pouvant entraîner l’obligation d’adapter leurs habitudes de vie”.
Sur les traces de Charcot
Après cette première grande traversée vers le nord, les deux jeunes gens souhaiteraient aller en direction du Sud sur les traces de Charcot, puis peut être remonter l’Amazone, aller ailleurs encore, continuer à découvrir la planète bleue. Une aventure de six mois, un an, deux an ? “Toute une vie”, répond Iris, toute de sourire et de sérénité.
Des crêpes tout au long du périple, dévoile Iris. Pour faire découvrir ce produit typiquement breton, bien sûr. Mais surtout pour occasionner des rencontres et des discussions. L’objectif d’utiliser la crêpe pour créer un lien puis d’échanger du temps, de l’aide, du savoir-faire local, des éléments de culture, un mode de vie.”
Pour ce faire, Mathieu a suivi un formation de tourneur de crêpes et a transmis ses connaissances à Iris, avant que celle-ci n’entame un stage à son tour. Aussi le Basile va-t-il être équipé de deux biligs à gaz qui permettront de faire des crêpes n’importe où, et pour lesquelles les deux aventuriers souhaitent employer les produits locaux durant leur périple.
Hélène Mugnier